Honorable Aké Natondé, lauréat du prix leadership 2022 de Speak Up Africa : « Éliminer le paludisme dans notre pays, c’est soulager le système de santé »

Connu comme acteur politique au Bénin, le député Aké Natondé qui préside actuellement le groupe parlementaire du Parti Union Progressiste le Renouveau, figure parmi les personnalités africaines distinguées pour leur contribution remarquable à la lutte contre le paludisme qui tue encore chaque année, des milliers de personnes en Afrique. Dans l’entretien qu’il nous a accordé au lendemain de la cérémonie de remise du prix du leadership édition 2022 tenue à Dakar, il partage avec nous, les raisons qui justifient son engagement auprès de Speak Up Africa pour cette cause et les acquis importants obtenus grâce à son soutien pour permettre au Bénin et à l’Afrique, d’atteindre l’objectif d’élimination de la maladie d’ici 2030.  

Acteur politique, Ancien Ministre, Député à l’Assemblée Nationale, acteur social, etc., Honorable Aké Natondé, vous avez un riche parcours qui ne vous prédestinait pas à un engagement pour la lutte contre le paludisme. Pourtant, vous avez choisi et accepté de porter cette cause. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous investir dans la lutte contre le paludisme ?

Avant tout, il faut dire que la santé est un bien commun et pour cela, il est important que tous, nous y veillons. Quand on parle de la santé en Afrique ou dans un pays comme le Bénin, on sait bien les ravages causés par le paludisme. Bien qu’étant une maladie évitable, le paludisme continue de tuer plus de 2000 personnes par an au Bénin. C’est le cas aussi dans la plupart des pays africains au sud du Sahara. Il était important pour moi, de m’investir dans cette cause-là pour contribuer à son éradication d’ici 2030.

Vous venez de recevoir le prix du leadership de Speak Up Africa qui distingue des acteurs qui ont marqué l’année 2022 dans le domaine du développement durable en Afrique. Ce prix annuel lancé en 2019 par Speak Up Africa vise à reconnaître et célébrer les personnes ainsi que les Organisations qui font preuve d’un leadership exemplaire. Qu’est-ce que cela vous fait d’être parmi ces personnalités qui ont été honorées pour leur contribution au développement durable de l’Afrique en 2022 ?

C’est une grande joie pour moi et une fierté. J’ai des sentiments de reconnaissance, de gratitude absolue pour ce prix que Speak Up Africa a voulu me décerner. Je le prends aussi avec beaucoup d’humilité, parce que le travail est encore immense et n’est pas terminé. Nous devons continuer le plaidoyer pour qu’il y ait davantage de mobilisation de ressources pour la lutte contre le paludisme. C’est ce qui nous amènera à atteindre l’objectif d’élimination d’ici 2030. Donc je suis heureux, fier et ce prix, je le dédie à tous les acteurs de la lutte.

Vous avez surtout été distingué pour votre contribution remarquable à l’augmentation des ressources au plan national. Comment avez-vous réussi à convaincre les parlementaires à vous soutenir et surtout le gouvernement à accéder à votre plaidoyer ?

Il faut d’abord commencer à saluer le sens d’écoute de notre gouvernement et de son chef, le Président Patrice Talon. Il est un homme proactif, prêt à toujours s’investir pour le développement, à donner les moyens nécessaires pour que les Béninois puissent jouir d’une très bonne santé. Vous savez que ce n’est pas seulement dans le domaine de la santé qu’il est très engagé. Dans tous les domaines qui doivent contribuer au développement, le Président ne lésine pas sur les moyens. Avec son gouvernement, il a été très vite convaincu de la pertinence de notre plaidoyer quand les députés, dans leur ensemble, ont décidé de porter la cause de la lutte contre le paludisme. C’est ce qui a entraîné l’augmentation des ressources nationales qu’on a constatée depuis le vote du budget de l’année dernière en faveur de la lutte contre le paludisme. Donc, il faut saluer la clairvoyance du gouvernement mais saluer également l’accompagnement de tous les parlementaires béninois qui ont, comme un seul homme, soutenu et porter ce plaidoyer.

Aujourd’hui, nous avons un nouveau parlement qui a été renouvelé pratiquement à 90%. Comment comptez-vous faire pour maintenir le cap dans le contexte actuel où les gouvernements font face à plusieurs priorités ?

Le cap est déjà maintenu puisque même la nouvelle législature a suivi le même atelier qui a permis de faire des exploits l’année dernière. Donc, même les parlementaires qui sont là actuellement, en juin dernier, avant le débat d’orientation budgétaire, ont également suivi cet atelier d’imprégnation et sont tous convaincus qu’il faut que la lutte contre le paludisme se poursuive. Parce que, éliminer le paludisme dans notre pays, c’est soulager le système de santé de près de 45% à 50% des affections qui sont souvent traitées.

Notre pays comme 12 autres pays de l’Afrique se prépare à recevoir le premier vaccin RTS,S/AS01 qui va contribuer à renforcer la lutte contre le paludisme. Quelle peut être la contribution des parlementaires dans la réussite de cette opération après la réticence qu’on a observée chez une frange de la population dans le cas des vaccins contre la COVID-19?

Une fois encore nous serons au rendez-vous dans ce combat. Parce que si un vaccin arrivait à être déployé dans notre pays, vous comprenez que c’est très important dans la lutte contre le paludisme. Et tout le monde sait la réticence des populations en général quand il s’agit de la vaccination. Ce n’est pas seulement à l’occasion de COVID. Même les vaccins contre la poliomyélite et tous les autres vaccins, il y a toujours des familles qui, pour des croyances ou des doutes, ne veulent pas faire vacciner les enfants. Dans les milieux où nous pouvons, nous allons accompagner le gouvernement à renforcer la sensibilisation, à convaincre nos compatriotes que le vaccin pourra contribuer à venir à bout du paludisme.

L’autre enjeu de la lutte contre le paludisme, c’est la recherche. Au cours de l’atelier avec les parlementaires, on a vu certains députés demander pourquoi les pays africains ne peuvent pas mutualiser leurs ressources pour véritablement contribuer à trouver une solution durable contre cette maladie. Comment encourager le gouvernement a véritablement financer la recherche pour qu’on en arrive-là ?

Je crois que la question de la recherche est une question globale. Elle souffre d’un manque de financement dans nos pays. Nous avons un ministère chargé de la recherche scientifique. Mais on voit bien que quand on prend le budget de ce ministère, il est à 98% destiné à l’enseignement et la portion congrue est réservée à la recherche. Nous n’avons pas manqué depuis plusieurs années, d’attirer l’attention sur cette problématique parce qu’il n’y a pas de développement sans recherche scientifique. D’ailleurs, il y a un projet de loi sur le financement de la recherche. Lorsqu’on arrivera à augmenter le budget de la recherche en général, c’est sûr que la recherche des remèdes contre le paludisme aussi pourra être impactée positivement par cette augmentation de ressources. La recherche constitue une problématique d’ordre général mais qui va aussi trouver progressivement une solution avec le vote d’une loi sur le financement de la recherche. Le parlement béninois est en train de s’atteler avec le gouvernement pour relever ce défi.

Le Bénin comme plusieurs pays s’est engagé à éliminer le paludisme d’ici 2030. Quel est l’effort supplémentaire que le Bénin doit faire pour arriver à bout de cette maladie et tenir l’engagement de 2030 ?

Pour tenir l’engagement de 2030, on ne doit pas baisser les bras. Déjà, il faut consolider ce qui est en train de se faire.  Également, il faut davantage faire des efforts, renforcer la sensibilisation, mettre plus de ressources dans le traitement des cas, procéder à l’assainissement du cadre de vie, amener les populations à comprendre qu’à travers nos comportements, le moustique peut se multiplier. Enfin, il faut vraiment continuer à financer les actions de lutte contre le paludisme et poursuivre le plaidoyer afin que, acteurs privés et acteurs publics puissent se donner la main dans cette lutte qui est une cause commune à tous.

Originaire du Bénin en Afrique de l’ouest, Alain TOSSOUNON est journaliste depuis plus d’une quinzaine d’années. Rédacteur en Chef puis Directeur de rédaction de l’hebdomadaire spécialisé dans la décentralisation et la gouvernance locale « Le Municipal », il a suivi et validé plusieurs certificats en gestion des ressources naturelles (Université Senghor d’Alexandrie) et en eau avant de passer grand reporter sur les thématiques de l’eau, l’hygiène et l’assainissement de base et l’environnement.
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