Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des femmes (JIF) et de la Journée mondiale de l’eau 2022(JME), le Réseau béninois des femmes professionnelles de l’eau et de l’assainissement (RBFPEA), a initié des séances de sensibilisation et d’orientation des jeunes filles de différents collèges de Cotonou. Avec le soutien du programme Agir Eau, de la SONEB, de SOGEA-SATOM et de IGIP Afrique, le réseau ambitionne de convaincre les apprenantes à s’inscrire massivement dans les écoles et institutions de formation universitaire disposant des filières débouchant sur les métiers de l’eau et de l’assainissement.
Selon ONU-Femmes, dans 80 % des ménages souffrant d’un manque d’eau, ce sont les femmes et les filles qui sont chargées de la collecte. Elles sont souvent, les principales utilisatrices, pourvoyeuses et gestionnaires de l’eau dans les ménages mais aussi les gardiennes des normes d’hygiène dans ces foyers. Pourtant, elles sont oubliées dans les politiques publiques destinées à corriger les inégalités de genre.
Afin de relever ce défi au Bénin, le Réseau béninois des femmes professionnelles de l’eau et de l’assainissement (RBFPEA) multiplie depuis sa création, des séances de sensibilisation et d’orientation au profit des jeunes filles des collègues et lycées pour les mettre sur le chemin des métiers de l’eau et de l’assainissement. Cette année encore, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des femmes (JIF) et de la Journée mondiale de l’eau 2022(JME), des établissements scolaires de la ville de Cotonou ont été pris d’assaut par ses membres. Face aux apprenantes du Collège Saint-Michel, la présidente a justifié l’action de leur creuset. « Notre but est de hisser les jeunes filles et les femmes au haut rang dans la gestion du secteur de l’eau et de l’assainissement », a soutenu la Présidente du réseau, Mme Adjibi Mouminatou. Un combat qui passe par des actions au niveau local notamment dans les collèges et lycées pour inciter les jeunes filles à embrasser les métiers de l’eau et de l’assainissement. Pour la Vice-Présidente, Françoise Comlanvi OUSSOU, les séances constituent une opportunité pour parler aux jeunes filles et leur donner toutes les informations utiles sur les métiers de l’eau pour guider leur choix.
Au collège Sègbèya le mardi 29 mars 2022, où la même séance a été organisée, le discours était le même. Partant du thème de la Journée Mondiale de l’Eau 2022: « Eau souterraine, rendre visible l’invisible », les femmes professionnelles de l’eau, ont soutenu qu’elles étaient face aux apprenantes, pour « rendre visibles les métiers de l’eau ». « Nous sommes venues susciter en vous l’engouement d’avoir la volonté d’exercer les métiers dits d’hommes, c’est-à-dire ceux de l’eau et de l’assainissement », a souligné une fois encore la Présidente Mme Adjibi Mouminatou. Pour ces femmes militantes, plus qu’une nécessité, la présence des femmes dans le secteur de l’eau et de l’assainissement est une urgence. Parce que, expliquent-t-elles, la préservation des ressources en eau contre toutes les formes de pollution ne peut être gagnée sans une implication effective des femmes à tous les niveaux.
Pour la représentante du programme Agir Eau de la Giz, qui soutient l’initiative, la lutte contre les inégalités est une question de justice parce que dans les communautés, la femme a toujours été au cœur de l’utilisation de l’eau.
En dehors de l’appel au choix des filières, les jeunes filles ont été aussi sensibilisées sur la gestion de l’hygiène menstruelle. Dans une approche totalement interactive, les apprenantes ont été invitées à identifier les difficultés qu’elles éprouvent à bien gérer leur période de menstrues. Il s’agit de l’insuffisance des toilettes, du manque de toilettes adaptées, de l’absence de kits… « Nous saisissons l’occasion pour lancer un appel aux autorités du collège Sègbèya pour l’installation de toilettes favorisant une bonne hygiène menstruelle pour les filles de l’établissement », a déclaré Flora Houndjrèbo du réseau en présence du censeur du collège.
Au terme des échanges très appréciées par les jeunes élèves, elles sont reparties dans leurs classes édifiées qu’elles ont désormais un rôle à jouer pour faire avancer le secteur de l’eau et de l’assainissement. « Cette séance m’a permis d’apprendre beaucoup de choses. Par exemple, je sais maintenant que les métiers de l’eau ne sont pas seulement réservés aux hommes. Les femmes y ont également accès et elles doivent s’imposer dans ce secteur », indique Trinité Akowanou, élève en classe de Terminale D1. Sur la gestion de l’hygiène menstruelle, elles disent également avoir beaucoup appris. « J’ai compris comment prendre soin de soi en période de menstrues et comment bien utiliser l’eau », souligne Ayrath Houessou, élève en classe de Terminale D1.
Loin d’être aboutie, la bataille pour une forte participation des femmes dans le secteur de l’eau et de l’assainissement est désormais amorcée avec les femmes professionnelles de l’eau qui, préparent la jeune génération à prendre le relai pour réduire les inégalités.