Hier mardi 17 novembre 2020 a été lancé le Fonds pour l’Assainissement et l’Hygiène. Destiné essentiellement à accroître considérablement les investissements pour accélérer l’accès des populations aux services d’assainissement, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Amina J. Mohammed, a indiqué au cours du lancement, que c’est « un nouveau mécanisme de financement » qui permettra d’ « injecter des milliards de dollars dans le secteur de l’assainissement ».
Avec des investissements aussi importants, c’est une véritable révolution qui s’opère en matière de mobilisation des ressources pour un sous-secteur de l’hygiène et de l’assainissement resté parent pauvre et peu financé dans les différents pays.
« Des pratiques sûres en matière d’assainissement et d’hygiène étaient indispensables à la réponse que nous voulons apporter, », a soutenu Mme Amina J. Mohammed pour qui, l’assainissement et l’hygiène ne sont pas seulement une question de santé mais aussi une question qui touche à la dignité des personnes.
Dans le communiqué de presse rendu public, il est clairement indiqué que « la pandémie de coronavirus a mis en évidence le rôle fondamental que jouent l’assainissement et l’hygiène pour arrêter la propagation des maladies ». Egalament, la crise mondiale a révélé au grand jour « les profondes inégalités qui existent en matière d’accès à l’assainissement, à l’hygiène et à la santé menstruelle ».
Le Fonds pour l’Assainissement et l’Hygiène mobilisera 2 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années afin d’aider les pays à mettre l’assainissement, l’hygiène et la santé menstruelle à la portée de tous.
« Nous savons que l’argent, bien utilisé, a la capacité de générer des changements positifs et durables », a déclaré Dominic O’Neill, directeur général du Fonds pour l’Assainissement et l’Hygiène. « Ce n’est pas seulement une lutte pour améliorer la santé, c’est un combat pour le respect et les droits humains fondamentaux et pour mettre fin à la stigmatisation », a-t-il soutenu.
Intervenant à la cérémonie de lancement, le vice-président du Nigéria, M. Yemi Osinbajo, a souligné que « le Fonds pour l’Assainissement et l’Hygiène est, à bien des égards, une bouée de sauvetage. « L’une des caractéristiques que j’apprécie particulièrement est qu’il est lié à des résultats mesurables » a-t-il ajouté.
Qualifiant l’assainissement et l’hygiène de grand facteur d’égalité entre les enfants, Mme Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF, a aussi soutenu qu’« un bon assainissement doit être un bien public. Les gouvernements doivent s’approprier le fait que l’assainissement est leur problème à résoudre et qu’ils ont les moyens de le régler », a ajouté Mme Fore.
Actuellement, les chiffres en matière d’accès aux services d’assainissement sont alarmants. Car, la moitié de la population mondiale n’a pas accès à des services d’assainissement gérés en toute sécurité. 620 millions d’enfants fréquentent des écoles dénuées de toilettes. Une école sur trois ne dispose même pas des services d’assainissement et d’hygiène de base, et un établissement de santé sur cinq n’a aucun service d’assainissement. Le coût de l’absence d’installations d’assainissement et d’hygiène est estimé à 222 milliards de dollars par an et se traduit en perte de productivité et de production économique ainsi qu’en augmentation des dépenses de santé.
A u rythme actuel des efforts entrepris par les pays dans le monde, la cible 6.2 des ODD relative à l’accès pour tous à des services d’assainissement et d’hygiène ne sera pas concrétisée avant le 22e siècle. L’une des causes fondamentale est le sous-investissement dans le sous-secteur depuis des décennies qui entraine une incidence profonde sur la santé, l’éducation et les résultats économiques des pays et des communautés.
Saluant le Fonds pour l’Assainissement et l’Hygiène comme un « dispositif important pour accroître et catalyser les investissements publics », Mme Zsuzsanna Jakab, Directrice générale adjointe de l’Organisation Mondiale de la Santé, a souligné que les investissements dans l’assainissement et l’hygiène étaient rentables. « Les bénéfices économiques de l’assainissement sont environ cinq fois supérieurs au coût d’investissement, et le coût de l’inaction est bien plus élevé ».
« Dans un monde secoué par de profonds bouleversements sociaux et économiques face à la pandémie de COVID-19, le lancement du Fonds pour l’Assainissement et l’Hygiène offre une lueur d’espoir. Il est urgent d’en faire plus. Ce fonds apportera des financements indispensables pour l’assainissement, l’hygiène et la gestion de la santé menstruelle », a déclaré M. Gilbert Houngbo, président d’ONU-Eau et du Fonds international de développement agricole.
Ce lancement en ligne a également bénéficié des interventions de Mme Petronila Musonye de l’Organisation kenyane de l’eau pour la santé et de Mme Abenmire Adi, défenseure des droits des femmes et de l’assainissement dans l’État de Cross River au Nigéria, qui se sont exprimées au nom de la société civile.