C’est à travers une conférence-débat tenue le 28 janvier au Foyer des marins à Cotonou, que l’ONG Icône 360° a marqué la célébration de la 3e Journée mondiale de lutte contre les MTN. Avec les acteurs engagés dans la lutte, plusieurs propositions ont été faites pour renforcer la lutte dans le cadre de l’initiative de la « Marche vers Kigali, non aux MTN et au paludisme ».
A l’ouverture des travaux, la Directrice de I’ONG Icône 360°, Yvette ALAVO, a rappelé que cette conférence est organisée dans le cadre de la « Marche vers Kigali, Disons non aux MTN et au paludisme ». Une initiative et un concept développé par Speak Up Africa qui a permis depuis juin 2020, de mobiliser plus de 10 pays d’Afrique en vue d’intensifier la lutte contre les MTN et le paludisme. Tout en justifiant l’engagement de son organisation à cette marche, elle a souligné que « les moustiques ne transmettent pas que le paludisme » mais aussi, «des maladies causées par d’autres types de moustiques tel que la Bilharziose ». Une situation qui sous-tend, l’engagement de son organisation à « mieux faire connaître les maladies tropicales négligées afin que chacun à son niveau puisse jouer sa partition ».
Saluant l’engagement de l’organisation Icône 360°, le Représentant pays de Speak Up Africa, Franz Okey, a indiqué que « les maladies Tropicales Négligées sont très peu connues mais restent un réel défi à relever pour les populations rurales ». Rappelant qu’elles constituent une vingtaine d’affections, il précise qu’elles affectent plus d’un milliard de personnes dans 149 pays selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Aujourd’hui, soutient-il, « il importe qu’un regard nouveau soit porté sur ces maladies tropicales négligées avec le concours de tous afin de mettre un terme aux affres qu’elles engendrent au sein des populations les plus vulnérables ». Pour terminer, il a signalé que la mission de Speak Up Africa est de travailler à catalyser le leadership africain, à favoriser les changements de politiques et renforcer la sensibilisation autour du développement durable en Afrique.
Un état des lieux préoccupant au Bénin
Dans un exposé présenté par Dr Albert Salako du Centre de recherche entomologique de Cotonou, les participants à cette conférence, ont été suffisamment édifiés sur la situation au niveau mondial mais aussi au niveau national.
En effet, selon l’OMS, plus d’un milliard de personnes dans le monde sont infectées par une MTN et dont 1/3 vivent en Afrique. Selon le communicateur, ces MTN constituent un groupe diversifié d’affections d’origine bactérienne, virale, parasitaire avec une épidémiologie complexe liée aux conditions environnementales. Elles sont caractérisées par un signe de pauvreté et d’exclusion et sont la cause de stigmatisation et de discrimination. Également, elles ont un impact important sur la morbidité et la mortalité, intéressent peu la recherche alors que des solutions efficaces et réalistes existent pour les combattre, prévenir et les éliminer.
Au Bénin, parmi les 14 MTN de la région OMS de l’Afrique, 10 sont endémiques et sont pratiquement présentes sur plus de la moitié des communes. Il s’agit entre autres de la schistosomiase, de l’onchocercose, de la Filariose lymphatique, de la Trypanosomiase Humaine Africaine… Les conséquences de ces maladies sont nombreuses et variées. Les personnes atteintes des MTN ont souvent un handicap, en particulier chez les enfants avec un retard du développement physique et cognitif dans les géohelminthiases et la schistosomiase ; des déformations dans le cas de la lèpre, la filariose lymphatique (éléphantiasis), la leishmaniose cutanéomuqueuse, l’ulcère de Buruli. Les conséquences peuvent aller jusqu’à la cécité dans le cas de l’onchocercose et le trachome, les personnes ou des décès dans le cas de la trypanosomiase humaine africaine, la maladie de Chaggas, la leishmaniose viscérale (co-infection leishmaniose viscérale – infection à VIH/Sida).
Face à cet état des lieux préoccupant, les participants ont voulu tout savoir sur la réponse au niveau national. Il ressort des interventions que les MTN restent encore inconnues des populations. Contrairement au paludisme qui bénéficie d’une attention soutenue des autorités et de plusieurs partenaires, les MTN sont encore très peu prises en compte. En plus de la recherche qui s’intéresse peu à ces maladies, le financement reste encore faible. Pour exemple, depuis 5 ans, c’est en 2022 que le financement est rendu disponible pour faciliter la surveillance entomologique. Une situation préoccupante pour les Organisations de la société civile qui ont décidé au terme de ces échanges, de renforcer le plaidoyer pour une volonté politique plus affirmée, le financement, une sensibilisation des populations surtout dans les communes les plus affectées et une synergie d’actions pour plus d’impact. La rencontre a pris fin par une déclaration lue par la Responsable santé et communication au sein de l’ONG Icône 360°, Fleur Saizonou renouvelant l’engagement des OSC à renforcer la lutte . Dans cette déclaration, si les acteurs de la société civile active dans le domaine de la santé, se félicitent du plan de lutte intégré contre les MTN adopté depuis 2013, ils appellent à ne pas continuer à négliger ces maladies en cette période de crise sanitaire.
