Vote de la loi portant hygiène publique : Les acteurs du secteur entre satisfaction et appel à une application effective

Intervenu le 20 janvier 2022, le vote de la loi sur l’hygiène publique est salué par tous les acteurs du sous-secteur de l’hygiène et de l’assainissement. Pour ces acteurs, l’avènement de cette loi va contribuer à renforcer les interventions et au-delà, donner un nouveau souffle à un sous-secteur considéré comme le parent pauvre du secteur de l’eau et de l’assainissement.

L’accès aux toilettes dans les écoles et les ménages encore un challenge au Bénin

Attendu depuis plus d’une décennie, le vote de la loi portant hygiène publique est devenu une réalité. Pour ces acteurs qui ont longtemps plaidé et interpellé le gouvernement et les députés sur la nécessité de la révision du Code de l’hygiène publique dont les dispositions sont devenues caduques, c’est un pas important dans le combat pour l’hygiène et l’assainissement pour tous au Bénin. « Le vote de cette loi est une bonne nouvelle et constitue une bonne avancée », souligne l’ancienne Chief of Party du Programme d’amélioration de l’accès à l’Assainissement et des Pratiques d’Hygiène en milieu Rural (PAPHyR) et directrice Pays de MCDI, Mme Yadjidé Gbèdo. Plus qu’une bonne nouvelle, c’est une victoire pour d’autres. Car, la révision du Code de l’hygiène publique était réclamée dans le sous-secteur. « On attendait cette loi pour être à la hauteur des défis actuels », soutient l’ingénieur spécialiste du génie environnemental et sanitaire, Jocelyn Sédar G. Satognon. C’est l’avis aussi de l’expert en eau et assainissement et grand observateur du sous-secteur, Félix Adégnika, qui note comme défis non pris en compte par l’ancien code, la décentralisation devenue effective depuis 2002, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) puis aujourd’hui les Objectifs de Développement Durable (ODD). Aujourd’hui, en attendant son application, la nouvelle loi porte l’espoir de changements notables dans le sous-secteur.

Des changements attendus et espérés

Avec la nouvelle loi, les acteurs du sous-secteur espèrent plusieurs changements. Pour le Président du Cadre de Concertation des Acteurs Non Étatiques de l’Eau et de l’Assainissement (CANEA), André Zogo dont la plateforme a beaucoup œuvré à son avènement, « les changements vont intervenir à la base où les autorités locales seront dorénavant face à leurs responsabilités ».

En effet, selon l’Article 7 de la loi, « les collectivités décentralisées concourent, avec l’État, à la promotion de l’hygiène publique ». Une nouvelle disposition qui responsabilise désormais les communes qui n’étaient pas prise en compte par l’ancien code de l’hygiène publique antérieur à la décentralisation. De même, selon le président du CANEA, «la loi portant hygiène publique va améliorer la situation de l’hygiène et de l’assainissement de base au niveau de certains espaces et lieux publics ». En dehors de la responsabilisation des collectivités territoriales, l’expert en eau et assainissement et témoin de l’évolution du sous-secteur depuis plusieurs années, évoque la prise en compte des enjeux comme l’hygiène dans les établissements notamment dans les écoles, les centres hospitaliers, la gestion des cadavres au niveau des morgues, les cimetières, l’hygiène de l’eau…Pour Yadjidé Adissoda Gbèdo, l’un des grands changements espérés est l’hygiène menstruelle surtout dans les établissements scolaires. Elle garde l’espoir de voir avec cette loi, les jeunes filles gérer en toute sécurité leurs menstrues avec l’obligation faite aux établissements scolaires, de disposer désormais de toilettes sexo-spécifiques.

Si plusieurs acteurs attendent des changements notables avec l’avènement de cette loi, Jocelyn Sédar G. SATOGNON, prévient que « C’est maintenant que le plus dur commence ». Une fois la loi promulguée, il soutient qu’il faut rapidement « passer à la vulgarisation pour permettre aux populations de s’approprier son contenu ». En plus de la vulgarisation, il faudra passer aux « actions concrètes pour que les changements s’observent surtout dans les milieux ruraux et semi-urbains ». Parce que tout simplement, soutient-il, « l’hygiène et l’assainissement est une arme et une opportunité à saisir pour améliorer la santé des populations ».

Originaire du Bénin en Afrique de l’ouest, Alain TOSSOUNON est journaliste depuis plus d’une quinzaine d’années. Rédacteur en Chef puis Directeur de rédaction de l’hebdomadaire spécialisé dans la décentralisation et la gouvernance locale « Le Municipal », il a suivi et validé plusieurs certificats en gestion des ressources naturelles (Université Senghor d’Alexandrie) et en eau avant de passer grand reporter sur les thématiques de l’eau, l’hygiène et l’assainissement de base et l’environnement.
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