Zones humides en Afrique centrale et occidentale : 4 études de cas de restauration présentées au 9e Forum mondial de l’eau

A l’instar de plusieurs autres organisations présentes au 9e Forum mondial de l’eau de Dakar, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a organisé un side event sur la restauration des zones humides en Afrique centrale et occidentale. Fondées sur l’approche des solutions basées sur la nature, les quatre études de cas dont les résultats font école, démontrent que la restauration des zones humides procure des gains socio-économiques importants pour les communautés riveraines.

A l’image d’une maladie qu’on soigne, la restauration des zones humides passe par un diagnostic profond qui permet d’identifier les causes. « La connaissance des causes de la dégradation est primordiale avant toute restauration », a martelé l’expert consultant, Tiega Anada, au début de son exposé. Des différentes études cas, celle de la reforestation de mangroves au Sénégal a été la première à retenir l’attention des participants. Après la genèse de cette expérience, les résultats ont été dévoilés :  80 millions de palétuviers replantés, stockage de 500 000 de tonnes de TeqCO2 sur les 20 ans et une mobilisation sociale de 100 000 habitants de 350 villages locaux. Les effets de cette opération pour les populations sont énormes. En dehors du retour des poissons, de plus d’huitres ou de crevettes observés, le gain financier pour le reboisement est remarquable. A cela, il faut ajouter la protection contre l’ensablement, celle des rizières et des côtes…Au Niger où l’on a procédé à la restauration de la mare d’Albarkaizé, l’appui de l’UICN et de la Coopération suisse (DDC), a tout aussi produit d’énormes bénéfices pour les agriculteurs, les pêchers et les éleveurs du village d’Albarkaizé. En plus de la création d’une réserve de pêche communautaire, on note l’inscription du site sur la liste des Sites Ramsar, la réapparition de certaines espèces de poissons qui avaient disparu, plus de 20 000 oiseaux réapparus.

Avec la réhabilitation des plaines inondables du Logone au Cameroun, les communautés ont pu faire face aux défis provoqués par le barrage de Maga sur les plaines de Waza-Logone et enregistrés des acquis importants. Par kilomètre carré de plaine restaurée, les bénéfices se chiffrent à près de 1 500 000 F CFA, dont 74 % sont réalisées dans l’élevage, 25 % en pêcheries et le reste essentiellement en tourisme (IUCN, 1999).

Enfin, la 4ème étude de cas porte sur les mesures de protection pour restaurer la productivité des lacs Léré et Fitri au Tchad. La restauration aura permis de sauver ces deux plans d’eau de la pression grandissante pour l’exploitation des ressources halieutiques. L’initiative de protection des populations et des autorités locales a débouché sur une gestion concertée, s’appuyant sur les connaissances du milieu des populations riveraines.

Des enseignements édifiants

A la lumière de ces différentes expériences exposées au public, plusieurs leçons sont à retenir. La première, dévoile le présentateur, est que « toute opération de restauration des zones humides nécessite du temps pour les préparer, les réaliser, les suivre, les évaluer et continuer à gérer les défis actuels et émergents pour inverser les tendances à la dégradation ». Mais en plus, s’il retient que la disponibilité des ressources humaines et financières à court, moyen et long terme est une exigence, il recommande de privilégier les solutions basées sur la nature. Car, soutient-il, « les zones humides sont les infrastructures écologiques les plus précieuses d’Afrique Centrale et Occidentale ».

Enfin, il conclut en avertissant que les changements climatiques, les chaînes des valeurs des produits des zones humides, les causes d’insécurité et les migrations au niveau national et régional peuvent perturber certaines initiatives.

Originaire du Bénin en Afrique de l’ouest, Alain TOSSOUNON est journaliste depuis plus d’une quinzaine d’années. Rédacteur en Chef puis Directeur de rédaction de l’hebdomadaire spécialisé dans la décentralisation et la gouvernance locale « Le Municipal », il a suivi et validé plusieurs certificats en gestion des ressources naturelles (Université Senghor d’Alexandrie) et en eau avant de passer grand reporter sur les thématiques de l’eau, l’hygiène et l’assainissement de base et l’environnement.
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