A l’occasion du 18ème Sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) qui se tient à Djerba en Tunisie, une table ronde a été organisée parallèlement le vendredi 18 novembre, pour mettre en débat la santé mondiale et l’élimination des Maladies Tropicales Négligées (MTN).Au terme des échanges, plusieurs experts francophones ont appelé les leaders et les structures de l’Organisation, à accélérer la mise en œuvre de leurs engagements pris lors du sommet de Yerevan en 2018.
Parmi les 26 pays de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en Afrique subsaharienne où le fardeau des MTNs est particulièrement lourd, plus de 200 millions de personnes, donc à peu près deux sur trois individus sont à risque de contracter une MTN.
Sous le thème “Renouveler l’engagement pour lutter contre les MTN en Afrique francophone” la table ronde a réuni les principales parties prenantes qui se mobilisent depuis plusieurs années dans la lutte contre les Maladies Tropicales Négligées. Au nombre des personnalités éminentes portant cette cause, on notait la présence de la Coordonnatrice du Réseau Francophone pour l’Égalité Femme-Homme de l’OIF, Ndioro Ndiaye, du Président de la Société Francophone de Médecine Tropicale et Santé Internationale, Dr. Jean Jannin, du Directeur par intérim de la Direction de la santé publique et de la recherche à l’Organisation Ouest Africaine de la Santé, Professeur Issiaka Sombie, de l’expert en organisation internationale à la mission permanente des Emirates Arabes Unies auprès des Nations Unis à Genève, Docteur Abdellatif Fakhfakh, de la Directrice exécutive de l’ONG “Vie Ma Vie”, Docteur Odry Agbessi, de la Conseillère diplomatique du Président du Sénat de Madagascar Madame Hantasoa Fida Cyrille, et du Secrétaire général de l’assemblée parlementaire de la Francophonie, Monsieur Jacques Krabal, qui a milité pour la démocratisation des vaccins en Afrique.
En introduisant cette table ronde, la directrice exécutive de Speak Up Africa, Yacine Djibo, une organisation stratégique de communication et de plaidoyer basée au Sénégal, qui s’investit depuis plusieurs années dans la lutte contre les MTN, a rappelé que parmi les 1,5 milliard de personnes dans le monde à risque, un grand nombre se trouve en Afrique francophone. Après les 16e et 17e sommets de la francophonie de Madagascar et de l’Arménie où les pays se sont engagés à promouvoir et à renforcer la lutte contre les MTN, le sommet de Djerba offre l’occasion une fois encore aux pays, de renouveler leurs engagements et de « tirer profit de l’élan politique du sommet de Kigali ».
Dans cet appel rendu public, la Coordonnatrice du Réseau Francophone pour l’Égalité Femme-Homme de l’OIF, Ndioro Ndiaye, a souligné qu’il est nécessaire que les États membres renouvellent leurs engagements relatifs à la résolution de 2018 dans le contexte de la Déclaration de Kigali. Sans détours, elle invite les Etats à passer à l’action en mettant en œuvre la résolution adoptée par l’OIF.
« Il y a un lien étroit entre la pauvreté, les Maladies tropicales négligées et les droits de l’homme notamment les femmes et les enfants », a soutenu Dr. Jean Jannin, Président de la Société Francophone de Médecine tropicale et Santé Internationale. Revenant sur les progrès réalisés dans la lutte contre les MTN, il a précisé qu’aujourd’hui, l’accès aux médicaments pour vingt maladies tropicales négligées sont disponibles gratuitement et distribués. Pour lui, il est important de passer de l’option médicale à l’option de santé publique.
De même, en matière de progrès, le Directeur par intérim de la Direction de la santé publique et de la recherche à l’Organisation Ouest Africaine de la Santé, Professeur Issiaka Sombie, a insisté sur la nécessité de tirer des leçons des expériences du passé dans cette lutte inlassable en mettant l’accent sur la recherche pour améliorer les diagnostics. Selon professeur Sombie, l’objectif de son institution est de « créer une plateforme régionale et coordonner entre les différentes parties afin de partager les expériences et déduire les leçons nécessaires ».
À propos du renforcement politique des pays dans la lutte des MTN, Docteur Abdellatif Fakhfakh, expert en organisation internationale à la mission permanente des Emirates Arabes Unies auprès des Nations Unis à Genève, a souligné le rôle primordial joué par la francophonie afin de sensibiliser les pays de la résolution en tenant compte du rôle des Emirates Arabes Unies en tant que pays observateur. La synergie entre les différents acteurs notamment les partenaires privés est essentielle, a déclaré Dr. Fakhfakh.
Pour Mme Hantasoa Fida Cyrille, conseillère diplomatique du Président du Sénat de Madagascar qui a participé à la rédaction et l’adoption de la résolution de lutte contre les MTN, quatre ans après son adoption, le sommet de Djerba offre une opportunité de dresser un bilan des succès et des lacunes dans l’élimination des MTN. Elle soutient surtout qu’en dehors des conditions de vie et la pauvreté, le changement climatique constitue « le principal facteur affectant la réalisation des objectifs de cette résolution ».
Enfin dans cet appel, Docteur Odry Agbessi, directrice exécutive de l’ONG “Vie Ma Vie”, a également souligné l’importance de l’appropriation des programmes nationaux selon une approche collaborative, en sortant du cadre médical et en impliquant tous les acteurs de la société civile.