Afin de faire face efficacement au défi de l’éradication des Maladies Tropicales Négligées et du paludisme en Afrique, le président du Rwanda, Paul Kagamé et les Chefs de gouvernement du Commonwealth (CHOGM) ont pris d’importants engagements au sommet de Kigali, en juin 2021. La campagne lancée dès ce sommet « En Marche vers Kigali », a contribué à la mise en œuvre d’initiatives locales de lutte dans les pays engagés. Avec le soutien de l’organisation Speak Up Africa, le Bénin n’est pas resté en marge de ce mouvement régional.
Avec 95% de cas sur 241 millions recensés dans le monde en 2020 et 96% de décès, l’Afrique est durement touchée par le fléau du paludisme. Une situation à laquelle le Bénin n’échappe guère.
En effet, selon le ministre de la santé, Pr. Benjamin Hounkpatin, le paludisme reste encore le premier motif de consultation et d’hospitalisation. Plus encore, il est selon lui, « la première cause de décès chez les enfants de moins 5 ans depuis de longues années ». En 2020, 2.289.948 personnes ont contracté le paludisme avec 2.450 décès. Pour le Coordonnateur du Programme National de Lutte contre le Paludisme, Dr. Cyriaque Dossou Affoukou, « le paludisme est et demeure la première affection qui occupe et perturbe les agents de santé dans les formations sanitaires du pays ».
Au nombre des défis auxquels fait face le Bénin, les autorités centrales en première ligne dans cette lutte périlleuse, citent la couverture élevée en moustiquaires imprégnées à longue durée d’action, la définition de nouvelles stratégies pour leur utilisation effective par la communauté, l’amélioration du traitement préventif intermittent chez les femmes enceintes et chez les nourrissons à travers le Programme Élargie de Vaccination et les campagnes de chimio-prévention du paludisme saisonnier, la digitalisation des interventions, le déploiement du nouveau vaccin antipaludique RTS,S, et en définitive, l’élimination du paludisme…
Lancée en avril 2021, la campagne « En Marche vers Kigali » en prélude au sommet sur les MTN et le paludisme, constituait à la fois une réponse et un coup de pouce permettant une fois encore, d’attirer l’attention des décideurs sur la nécessité d’agir vite et d’accélérer l’action pour mettre fin à ces maladies évitables et traitables.
Selon Speak Up Africa, une organisation qui en a fait son cheval de bataille, cette campagne vise à « maintenir et à encourager l’énergie et à développer une approche intégrée pour plaider en faveur de l’élimination des MTN et du paludisme ».
Grâce à son soutien, plusieurs organisations de la société civile rivalisent d’actions dans les pays cibles pour renforcer les stratégies de lutte nationales. L’appel à l’action lancé aura dans un premier temps, permis de sonner la mobilisation de tous à savoir gouvernements, Organisations de la société civile et le secteur privé à « travailler à la mise en œuvre de toutes les actions nécessaires pour protéger les Africains des MTN et du paludisme ».
Depuis, avec plus de 150 organisations de la société civile et organisations locales, médias et individus qui ont décidé de porter la cause, la campagne s’appuie sur les partenariats et les plateformes existants des deux campagnes « Non aux MTN » et « Zéro Palu ! Je m’engage » avec pour objectif d’obtenir des engagements des parties prenantes nationales et sous-nationales pour mettre fin à ces épidémies d’ici 2030.
Entre forte mobilisation des OSC et engagement du secteur privé
A l’instar de plusieurs pays de la sous-région, le Bénin a suivi le mouvement né de cette campagne « En Marche vers Kigali ». Fidèle à son objectif de susciter l’engagement politique, l’engagement du secteur privé, l’engagement de la société civile et de la jeunesse, des Organisations de la société civile ont décidé de mener à leur tour, des actions locales pour la mobilisation des ressources nationales, l’augmentation de la contribution du secteur privé pour combler le gap de financement.
Ainsi, une campagne « 229 en marche vers Kigali », a été initiée par l’ONG Via-Me, une des plus actives dans le combat contre les MTN et le paludisme. Selon sa présidente, Dr. Odry F.Agbéssi, près de soixante OSC ont signé l’appel à l’action et se sont déjà engagées à davantage s’investir sur le terrain. L’un des succès de cette campagne est sans doute, au-delà de l’engagement des OSC, celui des autorités locales et religieuses. Au total, pour la campagne déployée en ligne, elle estime que 39 764 personnes ont été touchées. « Aujourd’hui, plusieurs personnes sont informées et conscientes des dégâts causés par ces maladies », se félicite la présidente de l’ONG Via-Me, Dr. Odry F.Agbéssi. En plus de l’impact sur la communauté, elle relève comme réussite, la volonté des autorités centrales de travailler en synergie avec les OSC. « Nous sommes confiants pour l’avenir », conclut-elle. De son côté, Christian Martins de la « Coalition des OSC du Bénin pour la Couverture Universelle en Santé (COBCUS) nous apprend que son organisation s’est employée à développer des activités au niveau local. Au final, le conseil communal de Zè a créé une ligne budgétaire pour la lutte contre les Maladies Tropicales Négligées pour l’exercice 2022. Une première dans cette commune qui est suivie par les commues d’Allada et de Tori-bossito engagées également pour appuyer COBCUS dans le même combat. En attendant de mobiliser plus de communes, la présidente de l’organisation Icône 360° aussi active dans la lutte contre les MTN et le paludisme, soutient que la campagne a permis d’obtenir des résultats probants avec ces interventions. Au nombre des résultats, elle signale une meilleure synergie d’actions entre les acteurs, une meilleure cartographie des OSC luttant contre les MTN et le paludisme et une prise de conscience des autorités des départements du Zou et de l’Ouémé dans lesquelles, il y a une concentration de leurs interventions. « Les MTN sont mieux connues du grand public et plusieurs actions novatrices sont entreprises dans la lutte contre le paludisme par les OSC et les autorités à divers niveaux », confie la présidente de Icône 360°, Mme Yvette Alavo.
A l’image des OSC fortement mobilisées, le secteur privé béninois n’est pas resté en marge de cette campagne. Selon le Coordonnateur national de Speak Up Africa au Bénin, Franz Oké, plus de 65 millions de FCFA ont été mobilisés auprès des entreprises du secteur privé avec en tête Ecobank Bénin. Des fonds qui constituent les fruits de deux ans de l’initiative « Zéro Palu ! Les entreprises s’engagent ». Un motif de satisfaction pour Franz Oké qui se réjouit de voir près de 50 entreprises s’engager résolument dans cette lutte. Au-delà des ressources mobilisées, celles-ci sensibilisent leur personnel, leurs clients et fournisseurs, distribuent des moustiquaires aux employés et soutiennent la sensibilisation des masses. « Les entreprises qui disposent de ressources peuvent aider à combler le déficit de financement dans la lutte contre le paludisme à travers des actions sociétales directes et des outils simples pour obtenir des résultats tangibles dans l’élimination de cette maladie mortelle », soutient le Directeur Général de Ecobank Bénin et Président de l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers du Bénin (ABEPEF), Lazare Komi Noulékou. Avec la forte mobilisation des OSC, l’engagement du secteur privé, mais aussi des médias, la campagne « En Marche vers Kigali » est au Bénin, connaît un franc succès en attendant de venir à bout des Maladies Tropicales Négligées et du Paludisme.