Adaptation au changement climatique : Les pays pauvres ne bénéficient pas des aides financières pour l’eau, l’assainissement et l’hygiène

Un nouveau rapport élaboré par l’Overseas Development Institute (ODI) à la demande de WaterAid, fournit des statistiques sur les flux financiers pour le climat destinés aux services Eau Assainissement et Hygiène (EAH). Sans appel, le rapport publié en prélude à la première édition du sommet Finance en commun qui a démarré, ce jeudi 12 novembre 2020 avec la participation pour une première fois, des banques de développement du monde entier indique clairement que « moins de 1 % des investissements pour le climat sont utilisés pour les services d’approvisionnement en eau des communautés pauvres »

Les populations les plus pauvres ne bénéficient pas des aides financières climatiques comme il le faut, bien qu’elles soient les plus durement touchées. C’est ce qu’il convient de retenir du nouveau rapport publié par l’Overseas Development Institute (ODI). À l’heure où les sécheresses et les inondations frappent de plein fouet les populations, les chiffres publiés dévoilent que certains des pays les plus vulnérables, ne reçoivent que 1 dollar US par personne et par an pour les services d’approvisionnement en eau. Plusieurs pays pauvres se sont vu proposer des prêts et non des subventions pour se protéger contre le changement climatique. Le rapport indique aussi que les programmes visant à fournir de l’eau, des toilettes décentes et de bonnes conditions d’hygiène dans les zones rurales et à l’échelle des communautés reçoivent très peu de fonds, alors que de nombreuses personnes vulnérables en dépendent. Au total, seulement 10 % du financement de l’action climatique destiné aux programmes d’accès à l’eau est reversé à ces programmes. Ce qui représente 0,99 % de l’ensemble du financement de l’action climatique mis à disposition par les donateurs internationaux. « Ce rapport nous montre qu’au lieu de répondre à la crise climatique en donnant la priorité aux plus vulnérables, nous laissons les communautés les plus pauvres livrées à elles-mêmes, alors qu’elles sont en première ligne du changement climatique et qu’elles en payent déjà les conséquences », a déclaré Jonathan Farr, analyste politique principal de WaterAid en matière de changement climatique. Même les fonds destinés à aider les pays à s’adapter aux effets du changement climatique ne sont pas destinés à ceux qui en ont le plus besoin. Sur les 20 pays recevant le plus de fonds pour les programmes d’approvisionnement en eau, 19 sont des pays à revenu intermédiaire, alors que ce sont les pays les plus pauvres du monde qui sont les plus vulnérables face au changement climatique. Face à ces différentes inégalités, Nathaniel Mason, attaché de recherche spécialisé dans l’eau, l’assainissement et le changement climatique au sein de l’ODI pense que la présente étude devrait alarmer et convaincre d’aider les personnes et les pays les plus touchés par le changement climatique. En termes de propositions de solutions, WaterAid lance un appel pour que la priorité soit accordée aux personnes les plus vulnérables en matière de soutien financier international. Pour cette organisation qui milite pour l’accès universel à l’eau et aux services d’assainissement, les Organisations caritatives internationales sont censées rencontrer les représentants des gouvernements, les organismes d’aide et les experts de l’eau en vue d’établir un programme de changements nécessaires pour soutenir la résilience au changement climatique des communautés les plus pauvres du monde. Il convient de signaler que cette analyse détaillée du financement de l’action climatique a pour but d’aider les donateurs et les gouvernements nationaux à redéfinir la hiérarchisation de leurs investissements pour le climat dans le sous-secteur Eau assainissement et hygiène. A noter que WaterAid s’efforce depuis plusieurs décennies de démocratiser l’accès à l’eau salubre, à des toilettes décentes et à une bonne hygiène pour tous et dans le monde entier en moins d’une génération. Cette organisation internationale à but non lucratif opère dans 28 pays afin de changer la vie des personnes pauvres et  marginalisées.

Originaire du Bénin en Afrique de l’ouest, Alain TOSSOUNON est journaliste depuis plus d’une quinzaine d’années. Rédacteur en Chef puis Directeur de rédaction de l’hebdomadaire spécialisé dans la décentralisation et la gouvernance locale « Le Municipal », il a suivi et validé plusieurs certificats en gestion des ressources naturelles (Université Senghor d’Alexandrie) et en eau avant de passer grand reporter sur les thématiques de l’eau, l’hygiène et l’assainissement de base et l’environnement.
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