Les acteurs du secteur de l’eau et de l’assainissement se sont retrouvés virtuellement les 17 et 18 septembre 2020 pour la 19ème session de la revue. Au terme de cet exercice de bilan annuel dans un contexte marqué par la pandémie de Covid 19, d’importantes recommandations ont été prises pour améliorer la gouvernance du secteur et accélérer l’accès universel des populations à l’eau et à l’assainissement.
Trois principales recommandations sont à retenir de cette revue particulière des acteurs du secteur. Il s’agit de la nécessité pour les communes, de faire valider les guichets d’investissements en synergie avec l’Agence nationale d’approvisionnement en eau potable (ANAEPMR) pour éviter les doublons dans la réalisation des ouvrages et rendre fonctionnel le Conseil National de l’Eau (CNE). La revue a aussi recommandé que la SONEB plaide auprès du gouvernement pour la recherche de financement pour les 8 villes non encore couvertes par le réseau à savoir Karimama, Kalalé, Cobly, Gogounou, Ouinhi, Ouèssè, Kpomassè et Zè. Avec le Secrétaire général du Ministère en charge de l’eau et des mines, Alain Houéto comme président du présidium et le Secrétaire Exécutif du PNE-Bénin, André Zogo comme vice-président, les discussions ont également porté sur la gestion qui est faite par les communes, des redevances payées par les opérateurs privés conformément aux contrats d’affermage devant servir à la réparation des pannes qui surviennent au niveau des ouvrages. Pour les participants, la lumière doit être faite sur la gestion des redevances afin d’assurer le fonctionnement régulier des ouvrages en attendant la fin du processus de recrutement en cours des opérateurs régionaux. L’Agence nationale d’Approvisionnement en Eau Potable (ANAEPMR) s’est engagée à mener une campagne d’information et de communication en direction des nouveaux maires et élus, pour améliorer leur compréhension sur les réformes en cours dans le secteur notamment en milieu rural.
En ouvrant les travaux, le Directeur de cabinet du Ministre en charge de l’eau, Agnidé Emmanuel Lawin, avait indiqué que la tenue de cette revue témoigne de la vitalité du secteur. « La revue joue un double rôle de suivi et d’aide à la décision », a-t-il soutenu. Avant lui, le Directeur Général de l’eau, Philippe Armand Adjomayi qui l’a précédé, avait aussi qualifié cette retrouvaille de la famille des acteurs, d’une « occasion privilégiée pour le partage d’informations et d’examen des questions émergentes qui sous-tendent l’avenir du secteur ». Pour la représentante du Représentant résident de la Banque mondiale, nouveau chef de file des Partenaires Techniques et Financiers, Mme Sou, la revue offre une excellente opportunité de dialogue franc. Tout en félicitant le gouvernement pour son engagement et les efforts entrepris pour l’accès universel à l’eau potable. Avec un taux d’accès de 56,7 % en milieu rural et 62% en milieu urbain, elle a invité tous les acteurs à plus d’efforts. Surtout, face à 50% des populations qui pratiquent encore la défécation l’air libre selon l’enquête démographique de santé, elle a appelé à un sursaut pour donner un coup d’accélérateur au sous-secteur de l’hygiène et de l’assainissement de base.
Un exercice bilan pour plus d’efficacité de l’action publique
Avant de retenir les recommandations au terme des échanges et discussions, les participants ont suivi les présentations portant sur le bilan de la gestion 2019 en matière d’AEP en milieu rural et urbain avec l’ANAEPMR et la SONEB, la GIRE avec la DGEau sans oublier celles de la SNV pour les activités des ANE dans le cadre du programme OmiDelta, la société civile avec le CANEA et l’Institut national de l’eau (INE). On retient essentiellement du bilan de l’ANAEPMR, qu’au cours de 2019, l’Agence a poursuivii les études de faisabilité en vue de l’atteinte de l’objectif de la desserte universelle à l’horizon 2021. Avec l’option faite de réaliser au total, 618 systèmes de plus grande taille appelés Systèmes d’Approvisionnement en Eau Potable multi Villageois (SAEPmV), sur les différents projets en cours d’exécution, le point a été fait aux acteurs. Sept (07) projets sont en cours de mise en œuvre et ont permis entre autres, au titre de la gestion 2019, la poursuite et l’achèvement des travaux relatifs à la réalisation de 24 AEV sur le budget National, la réalisation de 20 forages à gros débit dans le cadre du PEPRAU, l’attribution et le démarrage des travaux dans le cadre de la réalisation de 47 AEV sur le financement de EXIMBANK INDE, le démarrage des travaux de la Station de Traitement des Boues de Vidange (STB) à Sèmé-Podji… Notons que le processus de recrutement des futurs opérateurs régionaux qui doit durer 16 mois est en bonne voie et la signature des contrats avec les futurs opérateurs régionaux est envisagée pour le mois de janvier 2021. Pour l’AEP en milieu urbain, la SONEB dans son bilan a rappelé la poursuite et le renforcement des actions pour l’amélioration du taux de desserte pour les populations situées en zones urbaines et périurbaines dans le cadre de l’accès universel et durable. Aligné sur le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG), le programme d’investissement de la SONEB d’un montant initial de 497,3 milliards de FCFA sur la période 2017-2021, a permis d’atteindre un taux de desserte de 62% en 2019, soit une population totale desservie d’environ 3.630.992 habitants. Elle poursuit également ses actions de viabilité économique avec l’amélioration du niveau de recouvrement des clients particuliers évalué à 88,3% pendant que celui de l’Administration Centrale est encore à 19,56%. Au total, pour l’exercice de gestion 2019, les investissements réalisés en 2019 ont permis d’améliorer le taux de desserte de 4% faisant passer le nombre de nouveaux branchements de 13 971 soit l’équivalent de 167.652 personnes supplémentaires alimentées. Pour la Direction Générale de l’eau (DGEau), la gestion 2019 a été marquée par le recentrage de ses missions régaliennes désormais orientées sur le passage à l’échelle de la GIRE. Le nouveau cadre organique qui est intervenu à fin décembre 2019 avec la création de l’Agence Nationale des Bassins Hydrographiques (ANBH) en lieu et place des agences de bassins devrait permettre à la GIRE de prendre son envol. En matière de réalisation des travaux liés à la mise en place d’infrastructures de mobilisation de la ressource, on retient entre autres, les travaux d’aménagement du périmètre irrigué en aval du barrage de Sépounga, les travaux d’aménagement et de valorisation de 100 sites de forages artésiens et la réhabilitation du barrage de Dékandji. Dans leur exposé, les acteurs de la société civile qui ont aussi partagé leur regard et leur opinion sur la gouvernance du secteur, ont relevé le défi de l’entretien et de la maintenance des ouvrages auquel sont confrontés les communes, les 8 communes non encore desservies par la SONEB, la lenteur qui caractérise la prise des textes règlementaires devant faciliter la mise en place des organes de gestion des bassins hydrographiques…Face à ces difficultés qui constituent un frein au secteur, le CANEA a suggéré la mise en place d’un dispositif financier aux profit des communes, pour servir à l’entretien et la réparation des ouvrages d’eau (AEV/FPM),la couverture intégrale de toutes les communes par le réseau de la SONEB, la mise en œuvre effective du PANGIRE…
La revue a été également un grand moment de partage d’expériences. Avant la communication de l’ANCB sur l’expérience du guichet unique dans certaines communes pour la sécurisation des fonds, le Programme d’Amélioration à l’accès des bonnes Pratiques d’Hygiène et assainissement en milieu Rural (PAPHyR) a présenté l’expérience innovante du marketing communautaire de l’assainissement dans la commune de Copargo. La revue a pris fin avec des acteurs qui sont repartis chacun satisfait du partage des informations sur l’évolution du secteur mais surtout du dialogue qui a permis déchanger sur les goulots d’étranglement afin de les surmonter.